On a du mal à y croire, mais c’est pourtant bien vrai : une mère de 3 enfants, originaire de Toulon et victime de violences conjugales, qui a survécu à 59 coups de couteau de son ex-compagnon, doit payer le loyer impayé de ce dernier qui s’élève à 32.000 euros. Elle avait pourtant quitté l’appartement 9 mois avant. Scandale.
Victime d’une tentative d’assassinat en décembre 2018
La mère de famille de 44 ans, qui a préféré rester anonyme, a été victime de violences conjugales puis d’une tentative d’assassinat par au moins 59 coups de couteau en décembre 2018 par son ex-mari devant l’école de leur fils, et en présence de l’enfant. Elle a été grièvement blessée et a survécu à cette tentative de meurtre, ce qui fait d’elle une miraculée. Son ex-mari a été placé en détention provisoire après les faits et condamné en septembre 2021 à 25 ans de prison, mais l’homme n’a jamais résilié le bail et ils sont censé payer le loyer.
Alors qu’elle a quitté le HLM depuis maintenant 9 mois et qu’elle avait immédiatement envoyé un courrier-recommandé au bailleur pour se désolidariser du bail de ce logement situé dans le quartier Sainte-Musse de Toulon dans le Var, le bailleur HLM et les huissiers lui réclament quand même 32.000€. Ils menacent de lui saisir ses affaires et celles de ses enfants. Pourtant, la mère de famille a pour preuve l’accusé de réception du courrier envoyé au bailleur HLM le 29 mars 2018 pour que son nom n’apparaisse plus sur le bail. « Cette lettre était un symbole pour moi », confie la mère de famille. « J’ai raconté les violences, les plaintes au commissariat et mon départ dans un centre d’hébergement d’urgence. Ce courrier est la première chose concrète de ma vie sans lui. J’ai ensuite eu des échanges par mail avec l’un des employés du bailleur qui confirme que tout est pris en compte. »
« Je suis désemparée et en colère »
Maman de 3 enfants, la victime vient de saisir ses avocats. Elle a l’obligation de vider et rendre les clés de l’appartement qu’elle a pourtant quitté dès mars 2018 pour fuir les violences. Elle se considère victime une deuxième fois. « Cette situation est très difficile à vivre. C’est comme si j’étais victime une seconde fois car j’ai cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Je ne sais pas quand je pourrai reprendre une vie pseudo-normale. J’ai vraiment l’impression d’être seule au monde. Quand on est victime de violences, on ne devrait pas avoir autant de pression et de problématiques à gérer. Ce serait logique que je sois accompagnée jusqu’au bout ! », explique-t-elle, désemparée.
Selon l’avocat de la victime, ce sont là de « nouvelles violences psychologiques qui exacerbent la douleur et aggravent le syndrome de stress post-traumatique, déjà très aigu chez ma cliente. Elle ne souhaite pourtant qu’une chose : pouvoir enfin tourner la page ». L’associé de l’avocate espère qu’il ne s’agisse « que d’un dysfonctionnement interne du bailleur et que tout va rentrer rapidement dans l’ordre car ce dossier est insupportable. On entend depuis plusieurs années que la lutte contre les violences conjugales est une priorité nationale, il ne devrait donc plus être possible qu’une victime d’une tentative d’homicide par plus de 59 coups de couteau vive cette situation. Si des progrès ont été faits dans la prévention, il faut aussi améliorer le suivi social des victimes de violences conjugales ».