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« On t’espère meilleure au lit qu’au ministère » : Edith Cresson, Première ministre humiliée

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Avant Elisabeth Borne, il faut remonter à trente ans avant de voir une femme au poste de Première ministre : Edith Cresson. La femme politique marquante des années mitterrandiennes avait fait part des difficultés auxquelles elle avait fait face à l’époque, dans le milieu particulièrement sexiste qu’est la politique.

La nouvelle Première ministre Élisabeth Borne a dédié lundi 16 mai 2022 sa nomination « à toutes les petites filles« , qu’elle a invitées à « aller au bout de (leurs) rêves« , lors de sa passation de pouvoir à Matignon avec Jean Castex. La nouvelle cheffe du gouvernement au CV brillant, « très émue« , a aussi expliqué avoir « une pensée pour la première femme qui a occupé ces fonctions, Edith Cresson » entre mai 1991 et avril 1992, et a jugé que « rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société« . Il aura fallu donc trente ans pour qu’une autre femme accède à ce haut poste. A l’époque, la ministre de la présidence de François Mitterrand n’avait pas été épargnée par ses pairs masculins, comme elle l’a récemment racontée dans le podcast Y a pas mort d’homme.

En octobre 2021, Edith Cresson a été l’invitée du passionnant podcast Y a pas mort d’homme mené par la journaliste Hélène Goutany, la collaboratrice d’élu.e.s Fiona Texeire et Geneviève Fraisse, philosophe du féminisme. Pour le premier épisode, elles avaient choisi celle qui a été, à l’époque, la seule femme à la tête du gouvernement. A 88 ans, la femme politique avait un souvenir très vif de son parcours politique très rempli et admirable, où les attaques sexistes ont été très nombreuses.

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Nommée ministre de l’Agriculture par François Mitterrand de 1981 à 1983, elle s’est souvenue des mots du président de la FNSEA, le principal syndicat agricole : « On voit le mépris du président pour l’Agriculture puisqu’il a nommé une femme à ce poste. » Mais ce n’est rien comparé au reste des attaques que la politique a dû encaisser par la suite, comme elle le confiait : « Ensuite je suis allée à la première réunion que la FNSEA a tenue. Il y avait un grand hall avec à peu près 800 personnes. Et là il y avait une grande banderole d’un côté à l’autre de la salle avec écrit ‘Edith, on t’espère meilleure qu’au lit ministère. » Ce à quoi, la ministre pleine d’esprit a répondu : « Donc je leur ai dit, ça tombe bien que je sois au ministère de l’Agriculture, parce que comme j’ai affaire à des porcs, je vais devoir m’occuper de vous.« 

Dix ans plus tard, le président Mitterrand a choisi Edith Cresson comme Première ministre pour succéder à Michel Rocard. Un poste qu’elle a refusé dans un premier temps pour tenter ensuite le grand défi. Sur Antenne 2, elle était interrogée par Philippe Lefait sur son statut de femme et des réactions suscitées par sa nomination. Elle devait ainsi réagir au fait qu’on la présentait en quelque sorte comme une courtisane ou une favorite : « Je suis peut-être la favorite, mais la favorite de mes électeurs.« 

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Sa réaction à la nomination d’Élisabeth Borne

Maire, députée, ministre de plusieurs porte-feuilles, Première ministre et commissaire européenne, Edith Cresson a fait part de son avis face à la nomination d’Elisabeth Borne par le président réélu Emmanuel Macron. « Je pense que c’est un très bon choix, parce que c’est une personne remarquable, pas parce que c’est une femme« , a-t-elle affirmé sur BFMTV. Elle a jugé « extraordinaire » que le pays ait « attendu aussi longtemps » pour qu’une femme soit à nouveau désignée à la tête du gouvernement, estimant que « la France est un pays particulièrement arriérée, pas la population française, mais la classe politique« , citant les exemples de l’Allemagne et du Royaume-Uni où Angela Merkel et Margaret Thatcher ont respectivement et longtemps occupé ces fonctions.

« Je pense que le président de la République a dû se rendre compte qu’il était temps, effectivement, qu’une autre femme soit nommée Première ministre« , a-t-elle ajouté, convaincue qu’Elisabeth Borne « saurait faire face d’une façon remarquable aux difficultés qu’elle risque évidemment de rencontrer« . « Elle est suffisamment compétente et expérimentée, et en plus elle est courageuse, ce qui est une vertu tout à fait nécessaire dans cette fonction« , expliqué l’ex-Première ministre socialiste de François Mitterrand. « Oui, il faut du courage parce que c’est une fonction extrêmement difficile, on est sans cesse critiqué, pas seulement par les adversaires politiques, mais aussi par la presse« , a-t-elle ajouté.

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