Dans un livre intitulé « Un empire bon marché« , le chercheur Denis Cogneau examine les idées reçues sur l’héritage économique de la colonisation française. Dans une interview accordée à RFI, il revient sur le contenu de son livre et dézingue les thèses qui prétendent que la colonisation a laissé un héritage économique important. Il affirme que le coût de l’empire en Afrique et en Asie a été relativement faible pour la France, que les ressources obtenues n’ont bénéficié que très peu aux pays colonisés et que la page de la Françafrique n’est pas totalement tournée.
Cogneau explique que les États coloniaux étaient très efficaces pour prélever les taxes et faire fonctionner les colonies sans demander de subventions ou de transferts importants de la métropole. Ni les investissements publics ni les investissements privés n’ont bénéficié aux colonies. Les colonies étaient pauvres et déconnectées du commerce international, mais ont été forcées de s’intégrer.
Cependant, les retours de capitaux vers la France métropolitaine ont été observés, bénéficiant à une petite fraction des plus riches colons, capitalistes et fonctionnaires. Dans le même temps, la France a laissé derrière elle des États autoritaires et inégalitaires. Les élites nationalistes ont pris le pouvoir, certains avec une courte phase démocratique, tandis que d’autres se sont contentées « de prendre les habits et les chaussures des administrateurs coloniaux ».
La difficulté à redistribuer les ressources a été un défi pour les socialistes africains. En ce qui concerne l’aide au développement, il y a eu des dépenses militaires au début des conquêtes et la construction des États, mais entre la fin du XIXe siècle et 1945, les États coloniaux ont été largement financés par les colonies elles-mêmes.