Mort de Luc Montagnier, prix Nobel et figure anti-vaccin

Triste nouvelle. Mardi 8 février 2022 au soir, le professeur Luc Montagnier est mort à l’âge de 89 ans à l’hôpital américain de Neuilly, en Ile-de-France. Une disparition annoncée deux jours plus tard, ce jeudi 10 février 2022, par nos confrères de Libération. L’information est confirmée par la mairie de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), qui mentionne son certificat de décès auprès du Parisien. Pour l’heure, les raisons de son hospitalisation n’ont pas été révélées.

C’est tout le monde scientifique qui est en deuil. Luc Montagnier, biologiste retraité, a été membre de l’Institut Pasteur et du CNRS. Il avait également décroché un prix Nobel de médecine en 2008 pour la découverte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH, à l’origine du sida), avec la professeure Françoise Barré-Sinoussi. Une belle carrière reconnue par la profession.

Toutefois, à partir de la fin des années 2000, les prises de positions du professeur ont été de plus en plus controversées, menant à une marginalisation de Luc Montagnier de la communauté scientifique. Il avait par exemple évoqué des théories sur l’émission d’ondes électromagnétiques par l’ADN, proposé de guérir le pape Jean-Paul II, alors souffrant de la maladie de Parkinson, avec de la papaye fermentée ou encore assuré que des antibiotiques pouvaient être utilisés pour traiter l’autisme.

En 2017, c’est au sujet de la vaccination que Luc Montagnier avait fait polémique. Le professeur indiquait ainsi, sans élément de preuve, que certains vaccins présentaient un risque « d’empoisonner petit à petit toute la population« . Et plus récemment, en pleine crise sanitaire, le biologiste controversé estimait que la Covid-19 était issue d’une manipulation humaine et contenait « des séquences du virus du sida« .

Le professeur Didier Raoult, lui aussi défavorable au vaccin anti-Covid, lui rend un hommage sur Twitter. « Luc Montagnier est décédé. On perd un homme dont l’originalité, l’indépendance et les découvertes sur l’ARN ont permis la création du laboratoire qui a isolé et identifié le virus du SIDA. Ceci lui a valu la gloire, le prix Nobel, et l’hostilité inouïe de ses collègues. L’attention portée à ses dernières hypothèses était disproportionnée« , écrit-il.

Ces nombreuses prises de positions à contre-courant lui ont valu les critiques de ses pairs. Mais Luc Montagnier ne s’était pas pour autant mis en retrait. D’après Jean-Claude Perez, mathématicien et ami proche du scientifique qui s’est dit « très triste » de cette disparition, le défunt s’était confié à lui « à propos d’un article scientifique sur lequel il travaillait« .

Toutes nos condoléances au proches de Luc Montagnier.