« Personne ne t’aide quand tu t’appelles Saïd ou Mohamed », les tristes aveux de Francis Cabrel sur sa chanson des années 80

En 1983, Francis Cabrel publiait un titre méconnu, Saïd et Mohamed, ensuite popularisé par la chanteuse Diam’s en 2005. Dans cette chanson politiquement engagée, le chanteur du Lot-et-Garonne revenait sur la montée en puissance du Front National, sous l’égide de Jean-Marie Le Pen. Ce petit fils d’immigrés italien, rejetant farouchement l’évolution de son pays, dressait alors le portrait dans cette chanson d’une femme de ménage d’origine algérienne, qu’il avait rencontrée dans un hôtel à Marseille, où il séjournait entre deux concerts. Il avait alors noué de profonds liens d’amitié avec cette dernière, qui s’était confiée sur la vie difficile qu’elle menait, et sur les difficultés qu’elle rencontrait à élever seule ses deux enfants, qui ont donné leurs prénoms au titre de la chanson Francis Cabrel.

Une chanson, qui, quarante après sa sortie, résonne comme essentielle eu égard à la fracture que connaît la France, face à la montée en puissance des partis extrêmes. Le chanteur sexagénaire, interviewé par Mouloud Achour sur Clique pour Canal+, est revenu sur cette chanson, et sur ce qu’elle transporte aujourd’hui encore. « Quand on écoute le texte, il est incroyable d’actualité, vous dites : De toute façon, personne ne t’aime quand tu t’appelles Saïd ou Mohamed. Après vous écrivez : Le mauvais Français, le musulman. Et après encore : Avant que ses paupières n’explosent, et qu’il prenne ce gris en overdose. On pense forcément à énormément d’images qu’on a vues dernièrement, où des gens ont pris ce gris en overdose, à force d’être malaimés » rappelle le journaliste et intervieweur.

Face à tant de tragédies et d’incompréhensions, Cabrel « optimise »

Et ce à quoi l’interprète de La Corrida et de Je l’aime à mourir a répondu, non sans émotion : « Malheureusement, une chanson encore d’actualité… écrite dans les années 82-83, mais c’est une chanson qui, effectivement, encore aujourd’hui, doit résonner, résonne. Ce qui a foiré, c’est que soit on s’est mal expliqué, soit on s’est mal compris ; ça met du temps. Je reste quelqu’un qui optimise, et je crois que ça finira par arriver inéluctablement » a estimé le chanteur, avant de pointer du doigt celles et ceux « qui refusent de céder leur place » à ceux qui en ont besoin, et qui frappent à nos portes, dans l’espoir d’être accueillis…